LA PREMIERE PIERRE

La première pierre de notre centre fut scéllée un matin, il y a 20 ans avec quelques poignées de la terre d'ISRAÊL et sous les couleurs des roses offertes par Monsieur Marcel ANDRÉ, Maire de RILLIEUX.
Un an plus tard, grâce à la diligence de notre architecte maison Monsieur Raymond KALIFA, le centre était érigé.

Cette belle matinée où l'allégresse emplissait les yeux et les coeurs de tous les assitants, faisait écho à une certaine matinée de Pourim, quelques années auparavant, qui nous avait amenés, mon mari Maurice BENSIMHOUN et moi-même, à l'appartement de l'avenue de l'Europe qui servait d'oratoire aux juifs de Rillieux.
C'était une matinée aussi ensolleillée, bercée par les chants de Monsieur CHOCRON, ministre officiant, et les prières des fidèles dont beaucoup militèrent pour la création de notre association et participèrent à la construction du centre.
Je me souviens qu'au retour, mon mari paraissait choqué des conditions de déroulement du culte, et dès cet instant, la nécessité d'un bâtiment à nous s'imposa à lui.
Il se préoccupait d'autre part, des mariages mixtes qu'il considérait comme un véritable danger pour la survie du peuple juif ; à son avis, des locaux qui faciliteraient le culte et l'étude, mais aussi les rencontres de jeunes, pouvaient endiguer ce courant destructeur.
Ce souci était d'ailleurs partagé par les responsables de cette époque qui vit fleurir nombre de centres communautaires sous l'égide du FONDS SOCIAL JUIF UNIFIÉ.
Le besoin de locaux était partagé par tous, mais le Fonds Social était assailli de nombreuses demandes émanant de tous les juifs rapatriés d'Afrique du Nord.

Le financement posait un réel problème car les familles de Rillieux étaient de condition modeste et le Consistoire Israélite de Lyon (le CIS) qui avait en charge notre loyer ainsi que le salaire du ministre officiant et des moniteurs du talmud Thora, projetait de construire sa propre synagogue.
On commença par s'adresser à la commune de Rillieux pour obtenir un terrain à prix modique. La promesse de vente du terrain vint assez rapidement, mais pour en faire l'acquisition, il fallait que les juifs de Rillieux se constituent en association ce qui fut fait par la création de la CIRCP ou Communauté Israélite de Rillieux Crépieux et Périphérie.
La séparation d'avec le CIS de Montesquieu fut quelque peu épique : par exemple, je me souviens "d'un commando" composé entre autres de mon mari, de Monsieur BINISTI PINHAS et de Monsieur LALLOUCHE Léon, qui descendirent un soir chez le Grand Rabbin BENSOUSSAN pour en débattre.
Elle fut aussi douloureuse, car il fallut nous priver de Monsieur CHOCRON qui ne voulait pas quitter le CIS. De plus le départ de Monsieur CHOCRON nous mettait dans un grand embarras car les fêtes de Pessah approchaient. mais nous fûmes sauvés par Monsieur David DAHAN, père du président actuel, qui accepta d'être le premier rabbin de la CIRCP.
Quant à nos rapports avec Montesquieu, ils furent ensuite, étonnamment bien gérés : pendant près de 2 ans, le CIS continua à nous verser quelques subsides et permit au président Maurice BENSIMHOUN d'assiter aux réunions de son propre conseil d'administration.
Monsieur MOLHO, qui présidait aux destinées du CIS, avait discerné l'inexpérience de mon mari en matière communautaire et un peu fasciné par cet homme jeune si ardent et désireux de faire quelque chose, il lui permit de se former en assistant à ces réunions.
Dans le même temps, mon mari entretenait des relations suivies avec Monsieur ZAOUI, directeur du Fonds Social Juif Unifié qui l'encouragea à militer pour l'appel unifié. À l'issue de multiples entrevues avec Monsieur ZAOUI, une aide de 400 000 francs lui fut bientôt proposée. Pour l'obtenir, il fallait cependant que Rillieux fasse partie du groupement des centres communautaires du Fonds Social, d'où la transformation de la CIRCP en CCJR, Centre communautaire Juif de Rillieux.
Forts de la promesse de vente du terrain et d'un espoir de subvention du Fonds Social, les juifs de Rillieux s'étaient mis à ramasser de l'argent par des activités diverses, en particulier celles des fêtes orientales dont Monsieur LALLOUCHE fur l'initiateur.


Texte de Madame BENSIMHOUN ecrit pour les 20 ans du centre